Jeudi 3 mai 2012
7h45 : Elisabeth me quitte pour aller à Orthez au lycée Gaston Phébus faire passer les oraux de français dans le cadre du bac blanc. Raymond me prépare le petit-déjeuner, veille à ce que je n'oublie rien, et après une séance de photos, je le quitte, non sans l'avoir remercié une dernière fois !
Premier village, Castillon : il doit son nom à une forteresse préhistorique en haut de colline, où furent trouvées des haches de bronze. Dans une halte pèlerin, sans boissons, ni biscuits, je retrouve Isabelle. Quelques "nouvelles du chemin" sont échangées.
Une halte pour les pèlerins qui viennent de gravir une côte ! |
Je remplis ma gourde au cimetière, endroit que l'on m'avait conseillé l'an dernier, vers la fin du premier tronçon !
Quelques kilomètres plus loin:
- Il fait beau aujourd'hui !
- Oui
- Ca va durer ?
- Non, on voit trop bien les Pyrénées. Des orages sont prévus pour ce soir.
Les Pyrénées sont splendides et par beau temps, on ne peut les voir aussi bien. A nouveau, je les ai vues toute la journée. Je me dirige vers les Pyrénées atlantiques, moins élevées et par conséquent non recouvertes de neige.
Pratiquement plus de boue et je me retrouve rapidement dans la merveilleuse chapelle de Cauvin, seul. Peu de pèlerins passent par là, préférant prendre le raccourci par la route ! Autrefois, le raccourci n'était pas signalé; ce qui explique la colère d'André qui parle de déchristianisation du chemin. Mais, c'est avant tout le patrimoine culturel qui vaut le détour.
Plongé dans mes pensées, je sens quelqu'un arriver derrière moi. A petites foulées, en short blanc, petit sac à dos, Xavier semble trottiner :
- D'où viens-tu ?
- Des Vosges, de Géradmer exactement. Je suis parti le 3 mars et je cours entre 50 et 70 km par jour. Le soir, à l'étape, un copain m'attend avec son camping-car...
Un garçon très sympathique qui prend le temps de s'arrêter, de discuter...
Une minute plus tard, il était déjà loin. C'est son chemin ! Je reprends le mien; j'avais l'impression d'avancer moins vite !
Au café des Sports d'Artez-en-Béarn, j'écoute attentivement les commentaires des consommateurs qui ont vu le débat politique d'hier soir.
Contrairement à ce que je pensais, les personnes de la région ne sont pas blasées et c'est souvent avec une extrême gentillesse qu'on me parle, me donne une explication ou un renseignement.
A partir du Gave de Pau, le paysage devient moins idyllique : les usines pétrochimiques se mêlent aux champs de maïs et aux forêts. Mais les derricks, les puits à balance disparaissent petit à petit : le gisement du gaz de Lacq, découvert en 1949, est épuisé. Il est importé aujourd'hui.
A 16h45, Sandra arrive près de l'église de Maslacq. En route pour Ger à plus de 60 km pour prendre ma journée de repos avec Nicolas, son époux, et leurs adorables petites filles, Mathilde (8 ans) et Juliette (4 ans).
C'est dans ce château du XVIIIème siècle à Maslacq que Francis Jammes situa le roman "Clara d'Elleubeuse". |
Pour terminer cette très belle journée :
"Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir et l'envie furieuse d'en réaliser quelques-uns.
Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer et d'oublier ce qu'il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil et des rires d'enfants.
Je vous souhaite de résister à l'enlisement, à l'indifférence, aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite surtout d'être vous."
Jacques Brel