Vendredi 28 septembre 2012
| | Météo : couvert mais pas de pluie - beau l'après-midi - températures agréables pour marcher (13°). Distance parcourue : 31,2 km Distance parcourue depuis Cahors : 1012,6 km Distance cumulée : 2044,6 km Province : Leon en Espagne |
Une étape de transition...
Les étapes se suivent mais ne se ressemblent pas ! Sur les dix huit premiers kilomètres, le chemin traverse des villes et villages... avec routes et trottoirs. En fait, après le désert humain de la meseta, voilà "le trop plein" !
Le soleil s'est levé très tard ce matin. Vers 8h, il faisait encore nuit à Ponferrada. C'est en 1082 que l'évêque Osmundo fit jeter sur le Sil, le "Pons ferratus" que signale Aimery Picaud, l'auteur du premier guide. Par la suite, Ponferrada se développa sous l'impulsion de Fernand II au XIIème siècle.
Malgré la nuit, le Château des Templiers ne passe pas inaperçu.
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| 7h30. Des ténèbres surgit le Château des Templiers (8000 m²), l'édifice le plus imposant de Ponferrada; c'est le plus bel exemple de l'architecture militaire espagnole. |
Patronne du Bierzo, Notre Dame du Chêne Vert est vénérée dans la basilique Nuestra Senora de la Encina. L'église a été édifiée à la suite de la découverte par des ouvriers, partis à la recherche de bois de charpente, d'une Vierge cachée au creux d'un chêne.
Tout près de Ponferrada, pendant trois siècles, des esclaves tamisèrent trois cents millions de tonnes de terre extraites du sol par canalisations et conduites forcées pour enrichir Rome d'un million de kilogrammes d'or ! Aujourd'hui, l'exploitation d'une partie de l'humanité prend d'autres formes. J'ai parfois l'impression qu'au fond, malgré les progrès, rien n'a vraiment changé.
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| Dans l'ermitage San Roch de Cacabelos, perdu aujourd'hui en plein centre ville, on a rassemblé statues, tableaux, objets de culte... Dommage ! Que reste-t-il de la pureté du style roman ? |
A Camponarayales, après des kilomètres de route monotone, des toitures en ardoises annoncent à nouveau l'architecture de montagne. Les Monts de Leon se rapprochent et sur ce versant Est, bien exposé au soleil, la vigne refait son apparition.
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| Les premiers contreforts des Monts de Leon sont principalement occupés par le vignoble. Les vendanges viennent de commencer. |
Bien entendu, pour éviter de suivre la route, une variante qui traverse le vignoble est proposée. Je la prends malgré les deux kilomètres supplémentaires pour arriver à Villafranca del Bierzo ("Villa Francorum").
Les pèlerins francs et les moines de Cluny fondèrent les hôpitaux et l'église St-Jacques sur invitation du roi Alphonse VI à la fin du XIème siècle. Comme souvent, le bourg se développa grâce au passage des pèlerins et à l'arrivée des nobles du Leon attirés par la fertilité de la terre, au point de devenir la capitale prospère du Bierzo.
En franchissant la Porte Nord (puerto del Perdon), les pèlerins malades ou infirmes qui ne pouvaient atteindre St-Jacques obtenaient les mêmes indulgences que celles qu'ils auraient obtenues en allant jusqu'à Compostelle. Quel beau geste de la part de l'Église !!
J'ai choisi l'albergue que Jésus Arias Jato a fondée il y a quelques années déjà. Décor inhabituel et accueil très chaleureux des hospitaleros : on me propose du café, on prend mon sac à dos qu'on porte dans le dortoir...
La plupart des gîtes ne font pas attention au sexe, à l'âge des pèlerins, la nationalité... On complète un dortoir avant d'en ouvrir un autre... Mais ici, une ségrégation (qui se comprend) est de mise : les femmes entre elles, les "vieux" entre eux; par contre, le dortoir des jeunes est mixte ! Ailleurs, on a même regroupé les pèlerins par nationalités dans les dortoirs et à table. Mais pas souvent... Heureusement ! C'est tellement plus enrichissant de rencontrer des pèlerins d'autres pays.
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| Senor Jato en personne et son fils sont venus nous servir. Pendant un bref discours, il nous a demandé de former une chaîne autour de la table et prononcer avec lui: "Ultreïa ! Ultreïa ! E sus eia !" |
Depuis quelques jours, je retrouve des pèlerins rencontrés il y a 2, 3, 4 jours. Je viens même de revoir Lys, une hollandaise avec qui j'ai mangé le premier soir, le jour de mon arrivée à Cizur Menor, en compagnie de Serge et Patricia, le couple "québécois" qui vit à Toronto. Elle m'a confirmé qu'ils sont repartis au Canada ! Pourtant, on s'était promis de se retrouver à Santiago.
Avec tout ce que je vois, entends autour de moi, on ne peut jamais être sûr d'arriver, même si on se trouve à moins de 200 km de l'arrivée.