Lundi 3 septembre 2012
Que de découvertes pour une première journée !
C'était une des quatre journées qui me permettait d'assister à un lever de soleil pour découvrir un panorama unique à partir d'une hauteur.
Me voilà donc parti vers 4h45 (réveil à 4h !) vers la Sierra Del Perdon (près de 800 m). Magique, indéfinissable... Éclairé par la Lune, accompagné par la Voie Lactée et quelques étoiles filantes, je quittais lentement la grande banlieue de Pampelune. Le silence, le calme, le chant des cigales ou des criquets avaient remplacé le vacarme de ma soirée d'hier. Je parvenais au col vers 7h. Un vent très fort souffle ; des éoliennes brisent le silence alors que des pèlerins en tôle sortent petit à petit de l'ombre pour me saluer.
C'est la version moderne des moulins à vent de la Castille. Mais à leurs pieds, pas de Don Quichotte ni de Sancho, mais des pèlerins statufiés dans la tôle qui scrute l'horizon vers l'ouest. |
Mais le soleil n'a percé que quelques instants l'épais manteau nuageux que le vent apportait. Malgré ce vent, le froid, je prends le temps d'admirer l'immensité du paysage : forêts, landes, sierras, avec à l'ouest le début de la Meseta bordée, au nord, par la sombre masse de la cordillère Cantabrique. Je pense que ces paysages vont m'accompagner jusqu'en Galice.
En descendant, je me rends compte que je suis passé de la Navarre pyrénéenne, humide et verdoyante, à la zone sèche et aride qui annonce la Meseta. Uterga, Obanos, les villages ont changé d'aspect. Les maisons, plus trapues, se préservent du soleil et de la chaleur par des ouvertures plus petites. Oliviers, vigne, amandiers apparaissent... C'est tentant !
L'église Notre-Dame d'Eunate, un magnifique sanctuaire mozarabe. Ce terme désigne les populations chrétiennes vivant sur les terres occupées par les musulmans. |
A Puente La Reina, le Camino croise le dernier des quatre chemins, celui d'Aragon (en France, c'est le chemin d'Arles) qui, par le col du Somport, achemine les pèlerins venus de la Méditerranée, d'Europe Centrale. Dorénavant, c'est un seul et même chemin qui va les mener jusqu'en Galice.
C'est aussi à la sortie de cette ville très commerçante qu'à la demande de Dona Mayor, épouse du roi de Navarre que fut construit, pour faciliter le passage des pèlerins de plus en plus nombreux, le pont qui franchit l'Arga, un affluent de l'Ebre... Je pourrais poursuivre mais le temps me manque...
Le magnifique pont de pierre à dos d'âne à 6 arches de style roman, qui donne son nom à la ville et qui est l'un des fleurons du Chemin en Navarre. |
L'église Santiago El Mayor de Puente La Reina possède un St-Jacques en bois doré du XIVème siècle, dit Beltza, le noir, en basque. |
Ce soir, je dors dans un refuge construit récemment, très fonctionnel, qui assure la demi-pension. Nous serons entre nous ! Oui, mais avec des motivations très différentes...
Par ailleurs, je n'entends parler que l'anglais, même l'espagnol semble dépassé ! Je suis le seul Français ce soir.
Avant l'arrivée au refuge, j'ai discuté avec Andrea, un jeune Allemand de Münich, qui m' a demandé si je voulais dormir avec lui dans un box à deux; il ne supporte pas les grands dortoirs !
S'il n'y a plus de Français sur le chemin, c'est parce qu'ils ont repris le chemin de l'école, de l'entreprise, des bureaux...
Bonne rentrée à tous !