Ma position

Carte Vignette

Distance parcourue : 2322 km
(1290 km depuis Cahors)
Distance parrainée : 3082 km
(1990 km depuis Cahors)

Parrainer

Holbach - Santiago

 St-Avold, vendredi 15 mars à 20h. Près d'une centaine de personnes était venue pour assister à ma conférence sur le chemin des étoiles: les membres de ma famille, des amis de longue date qui m'ont suivi sur le blog, qui m'ont soutenu tout au long de mon périple, d'anciens élèves dont certains que je n'avais plus vus depuis 40 ans, d'anciens pèlerins dont des membres de l'association des Amis de St-Jacques de Lorraine, Michèle et Michel, le couple alsacien que j'avais rencontré lors du deuxième tronçon.....

 

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Anciens et futurs pèlerins aux côtés de mes amis de toujours.  

 

2232 km, trois tronçons (automne 2011, printemps et été 2012), un total de 133 jours dont 107 jours de marche, 17 jours de repos et 9 jours de voyage !

Six mois après mon retour, en relisant ce blog, j'ai pu dégager quatre thèmes principaux.

Bien sûr, les paysages extrêmement variés qui m'ont procuré  des moments exceptionnels, de toute beauté, chargés d'une très forte émotion...

L'extaordinaire patrimoine culturel (avant tout cultuel) du chemin: les merveilles gothiques mais surtout romanes. A son âge d'or, du XIème au XIIIème siècle, le chemin, un immense chantier, est "la grande université du Moye-Age" Jean Claude Bourlès.

En évoquant les haut-lieux du chemin (Roncevaux, La Crux del Ferro, le Cebreiro et bien sûr, Santiago), j'ai mis l'accent sur le merveilleux, le surnaturel qui poussa des milliers d'hommes, ces marcheurs de Dieu, sur le chemin.

 

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La collégiale St-Barthélémy de Pimbo (Landes), bastide anglaise du XIIème siècle.
Beaucoup de décors sculptés comme les modillons du chevet roman. 

 

Enfin, je n'ai surtout pas oublié cette ambiance si particulière qui fait que le le chemin des étoiles n'est pas un GR comme les autres. Mon chemin fut un long chassé-croisé de rencontres, séparations, pertes et retrouvailles.

J'ai rencontré des centaines de personnes, venus de tous les continents avec lesquels j'ai ri, partagé des repas, abordé des sujets parfois très sérieux, que j'ai aidées de temps en temps, qui m'ont aidé...

Pendant plus de trois mois, je me trouvais dans une forme de société provisoire, nomade, établie sur des valeurs humaines et sociales différentes de celles que je trouve dans mon quotidien: esprit de solidarité, échanges de culture, tolérance, respect, écoute des autres, partage...

 

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A la Virgen del Camino (Leon), des personnes de tous pays étaient rassemblées autour de la table :
Evert (Hollande) - Carlo (Italie) - Aoki (Japon) - Jean Paul (France) - Willie et son époux Jan (Hollande)

 

Le chemin de Compostelle n'est plus seulement un chemin chrétien. Il est devenu un bien commun à toute l'humanité. Il est universel , tout comme les valeurs qu'il véhicule.

 

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Avec Jacques Gallant, trésorier de l'AMDM que j'ai parrainée.
Une réussite: pour 2232km, 3082€ ont été versés à l'association.

 

Je terminerai par cette citation de Jean Claude Bourlès que je partage sans réserves.

"Je ne crois pas à la présence des restes de l'apôtre à Santiago. Mais je trouve son absence beaucoup plus belle, plus forte, car alors, le pèlerinage s'inscrit dans une idée, dans l'imaginaire pur, et transcende encore plus celui qui l'accomplit. J'ai marché sur un chemin sacré par la seule présence des hommes qui m'ont précédé et dans les pas desquels j'ai posé des centaines de milliers d'empreintes, aussitôt envolées, oubliées"

 

 

 

 

 


 

Dimanche 7 octobre 2012, 8h du matin; il fait encore nuit, je suis seul sur le parvis de la cathédrale de St-Jacques de Compostelle, place de l'Obradoiro. Les images se bousculent dans ma tête... L'aboutissement d'un rêve né il y a 10 ans !

 

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  Nature, hommes, pierres m'ont accompagné tout au long du chemin.

 

C'est sur le GR20 en Corse, en compagnie de Jean François, que l'idée a germé. « Faire le chemin de St-Jacques » était aussi de plus en plus à la mode au début des années 2000. Bien entendu, les objectifs ont évolué. En 2007, l'année de ma retraite, je me considérais avant tout comme un randonneur, même si je me posais déjà des questions spirituelles et religieuses. La tendinite, puis ma périostite ont changé la donne. C'est donc avec plus d'humilité et de patience que j'ai repris les bâtons, l'an passé, le 7 août... et depuis mon domicile à Holbach (Moselle).

 

Pendant ces 2322 km, j'ai souvent pensé à ces milliers de pèlerins qui, au Moyen-Age surtout, marchaient pour Dieu, pour expier des fautes, à la suite d'un voeu, pour obtenir une faveur... C'était une autre époque ! (pas révolue pour tous cependant; le chemin me l'a prouvé).

Personnellement, j'ai d'abord marché pour moi, parce que j'aime la randonnée, j'aime la nature. La marche me permet la réflexion, la méditation. Par ailleurs, j'ai toujours aimé me lancer des défis. Mais, j'ai aussi marché pour tous ceux qui ont du mal à se déplacer; certains de mes proches, des pèlerins qui souffraient... Enfin, j'ai marché pour les enfants de Madagascar, pour qu'ils puissent grandir dans un environnement plus correct, plus décent. Pourquoi n'auraient-ils pas les mêmes chances que les enfants des pays occidentaux ?

 

Aujourd'hui, une quinzaine de jours après mon retour parmi les miens, « j’atterris lentement ». Mais, contrairement à ce que j'entends par ci, par là, je n'ai aucun « blues ». Ces trois tronçons (1000 km, 400 km et enfin 800 km), ces 110 jours de marche, une vingtaine de jours de repos et de voyage... m'ont comblé au-delà de toutes mes espérances !

 

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8h du matin sur l'Alto de Mosterales (Castille - Espagne)

 

J'ai assisté à des spectacles de la nature d'une rare intensité: les immenses forêts de Bourgogne, le panorama à 360° du haut du Suc au May dans les Monédières en Corrèze; malgré les pluies du printemps, j'avais très souvent devant moi une vue imprenable sur les Pyrénées recouvertes d'un manteau blanc; le pays basque, la montée du col de Roncevaux sous un soleil magnifique, mais c'est surtout le dernier tronçon en Espagne qui m'a enchanté: la Voie Lactée sur la Meseta, les levers de soleil sur ce « désert humain », sur la Sierra del Pardon, la Crux del Ferro, le Cebreiro... La nuit d'encre, sans lune et sans étoile dans les Montès de Oca... Les 17 km de chemin, sans village, sur une ligne droite,... Et j'en oublie !

 

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 La chaîne des Pyrénées au printemps dernier après Arzacq-Arraziguet (Pyrénées Atlantiques)

 

Ces moments exceptionnels de solitude dans un cadre tout aussi exceptionnel m'ont permis la réflexion, la méditation. Je mesurais pleinement toute la chance que j'avais de pouvoir avancer ainsi tous les jours. Des regards, des sourires, des pleurs, des éclats de rire, des paroles de pèlerins... se bousculaient dans ma tête...

 

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 Lever de soleil sur la Sierra del Pardon (Navarre - Espagne)

 

Tout aussi intenses, les rencontres, d'autant plus que j'étais seul, "un électron libre"..., mais là, j'ai vécu deux chemins.

L'an dernier, sur les 1000 km de Holbach (Moselle) à Cahors, en passant par Vézelay, peu de pèlerins mais surtout des rencontres au bord du chemin; des échanges brefs mais parfois très poignants; des discussions très approfondies sur les questions que je me posais; beaucoup d'égards à mon encontre...

Mais, c'est l'accueil que l'on m'a réservé pour l'hébergement qui m'avait le plus bouleversé. Quand on reçoit un inconnu qui n'était pas prévu, pour une nuit, voire deux nuits, j'avais du mal à réaliser. Ces regards, ces sourires... continuent à occuper mon esprit.

 

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 Des visages, des prénoms, des rencontres autour d'une table qui faisaient oublier les fatigues de la journée.

 

En repartant cette année, j'avais peur de ne plus connaître ce types de rencontres sur un chemin beaucoup plus fréquenté... surtout en Espagne. Dès le printemps, et dès mon entrée en Espagne, un autre chemin s'ouvrait devant moi. Des pèlerins de toutes nationalités marchaient avec moi: des Européens (d'Espagne à l'Estonie, la Biélorussie, la Finlande, du Royaume-Uni à l'Italie...), des Américains (Etats-Unis, Brésil, Pérou, Porto Rico...) des Asiatiques (Japon, Corée du Sud...), des Australiens, Néo-Zélandais, Africains du Sud... Le chemin s'est internationalisé, ce qui montre bien son universalité. Souvent, je me retrouvais seul Français dans une albergue. Comme je maîtrise relativement bien l'allemand, un peu l'anglais, j'avais peu de difficultés à communiquer. Et comme en France, j'ai eu des rencontres très poignantes, très enrichissantes. Merci Pétra, Isabelle, Kevin, Véro et Lucien, Fernande et Patrick, Francis...et j'en oublie.

 

Bien entendu, le chemin fut « une mine d'or » pour l'ex-professeur d'histoire-géographie ! Traverser la France du Nord-Est au Sud Ouest, c'est découvrir un pan entier de son histoire: des fortifications des deux guerres mondiales de Lorraine aux châteaux-forts du Béarn ou de Navarre, en passant par les beautés architecturales que sont l'abbaye de Fontenay, la cathédrale de Bourges ou la basilique de Vézelay. Et que dire de la géographie ? Toute la variété des paysages est résumée dans le parcours: plateaux lorrain, bourguignon, limousin, du haut Quercy, plaines du Berry, vallées de la Moselle, de la Loire, de la Creuse, de la Dordogne, du Lot, de la Garonne, moyenne montagne avec le Massif Central, haute montagne avec les Pyrénées...

 

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 Le portail mozarabe de l'église San Pedro de la Rua d'Estella (Navarre - Espagne)

 

Et c'est le « Camino francese » en Espagne qui conserve le mieux l'héritage du pèlerinage du Moyen-Age: humbles ermitages, monastères, chapelles St-Jacques dans les cathédrales de Burgos et Leon, « hôpitaux » du Moyen-Age, devenus gîtes pour pèlerins, et bien sûr, la cathédrale de St-Jacques de Santiago... Sculptures, peintures, fresques montrent un St-Jacques, tour à tour apôtre, pèlerin ou « matamore » (tueur de Maures). Légendes, miracles... le merveilleux est quasiment présent à chaque étape.

 

Enfin, le parrainage a aussi répondu à toutes mes attentes. 2682 € versés à l'AMDM. L'an dernier, les 1000 € versés ont permis l'achat de deux vaches et cette année, les 1682 € vont permettre d'équiper la ferme-école de Grégoire d'une cuisine collective. Au nom des enfants du centre, je ne remercierai jamais assez les généreux donateurs. Je pense notamment à ces pèlerins qui m'ont parrainé à la fin d'une étape alors qu'on avait marché quelques instants ensemble, aux Allemandes du printemps dernier, à Fernande... et à Brigitte qui, le matin de mon arrivée à Santiago, devant la cathédrale, me remet un chèque. Mais ce n'est pas parce que j'ai arrêté de marcher qu'il faut arrêter de donner. On peut encore parrainer des kilomètres déjà effectués.

 

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A mon retour, ma famille m'a offert une image d'Epinal qui résume les chemins vers Compostelle.

 

Le 14 octobre, ma famille, des amis très chers... qui m'ont soutenu pendant tous ces mois, sont venus m'accueillir à la gare de St-Avold. Ils avaient préparé une petite fête pour mon retour. Autre moment d'émotion. Un grand merci à tous. Merci aussi à tous ceux qui m'ont encouragé sur le blog, par e-mail, SMS... Défilent aussi dans ma tête les prénoms de tous ceux que j'ai rencontrés au bord du chemin, pendant quelques instants, de ceux qui m'ont hébergé, des hospitaliers, des responsables des gîtes, des albergues...

 

J'ai vécu une expérience unique qui a dépassé toutes mes espérances. La nature m'a offert des spectacles extraordinaires. J'ai vécu dans un monde tel qu'on voudrait qu'il soit, où priment esprit de solidarité, échanges de culture, tolérance, respect, écoute des autres... Le chemin a répondu en grande partie à mes questions.

Encore merci à tous et surtout à Jean François qui a consacré beaucoup de son temps à mettre en ligne les articles.

 

Comme cette année, j'envisage de faire une conférence au mois de mars 2013. Par ailleurs, un concert pour les enfants de Madagascar est envisagé au printemps prochain.

A très bientôt. 

Vendredi 12 octobre 2012 

 

 

 

 

Lever de soleil
Lever de soleil sur le port de Fisterra.

 

 

Dernière nuit dans une albergue, dernier petit déjeuner avec des pèlerins... Trois heures de bus de Fisterra à Santiago ! Il a longé la côte pendant deux heures, avant d'entrer enfin dans les terres. Interminable... Le retour a commencé... C'est le blues !

Pour cette dernière journée, voici simplement quelques réflexions et quelques photos avant de faire le bilan dans une quinzaine de jours !
 
Poussière, boue, soleil, pluie... C'est le Chemin de Saint-Jacques.
Des millions de pèlerins depuis plus d'un millier d'années.
Qui m'a appelé ? Quelle est cette force obscure qui m'a attiré ?
La Lorraine, à la fois si belle et si meurtrie ?
Les plateaux de Bourgogne, les vastes étendues du Berry ?
Le Limousin, les Monédières, le Haut-Quercy ?
Le foie gras du Gers, le fromage du pays basque, le vignoble de l'Armagnac ?
Roncevaux, la Crux Ferro, le Cebreiro ?
La Voie Lactée dans la Meseta ?
Les grandes cathédrales, les basiliques ?
Les humbles monastères, les ermitages ?
Le vin de la Rioja ?
Les fruits de mer des Galiciens ?
Les champs castillans ?
Les gens du Chemin ?
Les familles d'accueil ?
Les coutumes rurales ?
L'histoire et sa culture ?
Le coq de la Calzada ?
Le palais de Gaudi d'Astorga ?
Le château de Ponferrada ?
Et j'en oublie...
Oui, tout cela, j'ai voulu le voir, et ce fut une immense joie !
Mais la voix qui m'a appelé à faire ce chemin, je l'ai ressentie au plus profond de moi.
La force qui m'a poussé à le faire, je ne sais même pas l'expliquer !

 

 

 Ancienne rue
 Les rues anciennes, avec arcades, sont très animées.

 

Place

 

Place fleurie
A Santiago, les rues anciennes débouchent sur de petites places très fleuries.

 

 


" - C'est pour voir ces cailloux que tu m'as fait faire six cents lieues ?
   - Mais, c'est toi que tu as trouvé, couillon ! Maintenant tu sais que tu peux tout vaincre, le froid, le chaud, la fatigue, l'ignorance et la méchanceté ! Tu n'as qu'à vouloir ! Le courage ! Ton seul courage : la voilà la Révélation ! Et ne compte jamais que sur tes doigts..., couillon !"

Henri Vincenot : Les étoiles de Compostelle

 

"Même si Dieu n'existait pas, il y a tant d'hommes et de femmes qui portent en eux un certain souffle, qui sont comme des lumières dans les ténèbres de ce monde que je ne peux m'empêcher de croire en l'Homme et c'est cette Foi qui me conduit à Dieu d'une certaine manière."

Roch Dauzon, Mes Chemins de Compostelle

 

 

Cathédrale
La façade Ouest de la cathédrale et la place de l'Obradoiro au soleil couchant.

Jeudi 11 octobre 2012

 

Carte106 Muxia Fisterra
Météo : pluies intermittentes, fréquentes éclaircies - températures douces.
Distance parcourue : 33,2 km
Distance parcourue depuis Cahors : 1290 km
Distance cumulée : 2322 km
Province : Galice en Espagne




 

 

 

 

Au bout du chemin, après 2322 km !

Une dernière étape que j'ai savourée malgré les averses. Je comptais les kilomètres qui me restaient à faire... Dans quelques heures, dans une heure... Ça y est,  Fisterra. Il est près de 15h. Mais, il me reste à faire l'essentiel, aller au "Cabo Fisterra"...

 

Mais d'abord, quelques lignes sur cette matinée. Un itinéraire de rêve : une nature dans une région de moyenne altitude, des vallées étroites, l’océan, la côte rocheuse...

 

Chemin
Des éclaircies sur un chemin toujours aussi beau !

 

 

Je suis parti vers 8 heures. Le jour se lève et la houle de l'océan m'accompagne. Cela change des voitures ! Mais je ne suis pas sur le chemin des douaniers en Bretagne, le camino ne suit pas les moindres recoins de la côte. Il rentre souvent à l'intérieur des terres et à la sortie d'une forêt, je découvre soit une plage, soit des rochers, et une mer tantôt bleue, tantôt grise, si elle est sous le soleil ou non.

 

Océan

 

 

Par ailleurs, le chemin est très accidenté. On se croirait en montagne.  Côtes et descentes se succèdent toute la journée.

Je rencontre peu de pèlerins. Les seuls que j'ai rencontrés sont ceux qui viennent de Fisterra. Encore quelques "Buen Camino" ou "Hola", mais ce n'est plus le même enthousiasme qu'avant Santiago !

 

Statue
Vers le cap Finisterre...

 

 

Vers 11h, un bon "bocadillos", jambon et fromage, suivi d'une orange et d'une pomme et c'est reparti pour les 10 derniers kilomètres. Les éclaircies sont plus nombreuses et je ne mets plus la cape pour les dernières averses.

Puis, vers 15h, je rentre dans Fisterra et je trouve rapidement l'albergue privée.

 

Vers 17h30, j'entame mes quatre derniers kilomètres du chemin : le Cap Finisterre. Il n'est pas dans le brouillard comme hier, il ne pleut pas, mais je ne verrai pas le soleil se coucher. Ce n'est pas grave.

 

Cap Finisterre
Au bout du chemin...

 

 

J'inspecte d'abord les lieux :  là, des jeunes brûlent leurs chaussures alors que c'est interdit depuis quelques années, depuis que le feu a brûlé la garrigue du cap... Ici, un couple regarde l'infini de l'océan. Là-bas, un jeune homme fixe un rocher perdu dans la mer...

 

Borne 0
La borne 0,00 km !

 

 

Je m'installe confortablement en admirant la luminosité que m'offre ce ciel contrasté.

Je suis arrivé au bout du chemin. Il y a l'océan, mais toute une symbolique aussi. Le soleil couchant va emmener avec lui "le vieil homme" que j'étais, et demain matin, quand il apparaîtra à l'Est, un "homme nouveau" se lèvera pour repartir en Moselle ! Ainsi faut-il comprendre la marche des pèlerins vers le Cap Finisterre, et ceci depuis le Moyen-Age.

 

Francis, du Sud-Est, me rejoint. Discussions, partage, repas au cours duquel il m'apprend qu'il retourne à pied et envisage sérieusement le pèlerinage de Rome et de Jérusalem...

 

Pour ce dernier haut lieu du pèlerinage, voici ce que j'avais inscrit dans les notes de cette étape, il y a plus de 5 ans déjà, avant mon premier départ en 2007 : "Sur le cap, tout près des étoiles, là où les rêves les plus fous se réalisent, là où l’homme a trouvé ce qu’il cherchait."

Le rêve s'est réalisé mais il est trop tôt pour dire si j'ai vraiment trouvé ce que je cherchais !

 

Cap
A force de volonté et avec le soutien de sa famille et de ses amis, les rêves les plus fous peuvent se réaliser.
Merci à tous !

Mercredi 10 octobre 2012

 

Carte105 Olveiroa Muxia
Météo : différentes formes de pluie toute la journée - températures douces.
Distance parcourue : 28,5 km
Distance parcourue depuis Cahors : 1256,8 km
Distance cumulée : 2288,8 km
Province : Galice en Espagne


 

 

 

 

30 km sous la pluie !

Je suis parti très tard ce matin, vers 9h sous un ciel chargé. Je traverse des paysages de moyenne montagne malgré une altitude faible. Une bruine, puis une pluie plus forte m'accompagne pendant une heure.

 

Paysage
Début de matinée : les nuages se préparent à déverser leurs litres d'eau.

 

 

Horreo
Un horreo du XVIème siècle.

 

 

Je vais dans un bar à Dumbria pour mon repas de midi pendant une éclaircie. J'ai fait environ 10 km. Il m'en reste une vingtaine et la pluie redouble de violence. Que faire ? Attendre ? Inutile. Il faut y aller. Et là, j'ai connu pendant deux heures des pluies diluviennes. Sur une partie du chemin, des torrents de boue noire descendaient la côte. Mais ici, les chemins sont larges, donc j'avais toujours de la place pour poser mes pieds. Parfois, des petits passages à gué, mais la plupart du temps, de beaux chemins non asphaltés, à travers des forêts ou la lande océanique. Par contre, il n'y a plus de pèlerins ! Les seuls que j'ai rencontrés, se sont précipités dans des bars...

 

Et surprise, au détour d'un sentier, un coin de ciel bleu... Et plus loin, alors que l'horizon se dégage, l'Océan Atlantique !

 

Océan Atlantique
Premiers regards sur l'Océan Atlantique...

 

 

Quelques kilomètres de routes et c'est la descente vers Muxia. Une plage, une crique, des dunes, l'air marin me font oublier la pluie de la journée. La nature récompense toujours, si on sait attendre. Depuis deux jours, elle me montre un visage qu'on n'apprécie guère. Mais je ne peux lui en vouloir. La terre a besoin de pluie ! Et ne m'a-t-elle pas offert pendant plus d'un mois des paysages exceptionnels, sans compter ceux du printemps et de l'automne dernier ?

 

Arc-en-ciel
Une des plages de Muxia. Le mauvais temps est parfois synonyme de belles couleurs !

 

 

Ce soir, je suis dans une albergue privée. J'ai quasiment lavé et fait sécher tout mon linge !  Il le fallait !

Vers 19h30, une accalmie me permet de monter au-dessus de l'église Santa Maria. Un paysage exceptionnel parce que le manteau nuageux s'est déchiré....

 

Croix
Vue sur la baie de Muxia

 

 

En redescendant, l'église est ouverte. Un très beau sanctuaire qui donne sur le front de mer.  Je brûle le cierge que des amis très chers, qui m'ont soutenu depuis le début, m'ont donné le jour du départ. Je voulais le faire à la cathédrale de Santiago, mais il n'y avait pas de feu, les bougies étaient toutes électriques ! Un autre grand moment d'émotion, de recueillement.

 

Sanctuaire marial de Muxia
L'église mariale de Muxia, le cimetière et l'océan.

 

 

Une journée sous la pluie mais qui s'achève sous une merveilleuse éclaircie. Comme quoi !

Mardi 9 octobre 2012

 

Carte104 Santiago Olveiroa
Météo : pluie toute la journée mais à intensité variable - températures très douces - belles éclaircies l'après-midi.
Distance parcourue : 28,8 km
Distance parcourue depuis Cahors : 1228,3 km
Distance cumulée : 2260,3 km
Province : Galice en Espagne


 

 

 

 

Enfin une vraie journée de pluie !

Sur la fenêtre de la chambre de la pension, j'entendais tomber les gouttes de pluie. Je m'y attendais, la météo n'annonçait rien de bon !

Mais, j'ai connu bien pire au mois d'avril. A la sortie de Santiago, une fine bruine mouille à peine ma cape. Ce n'est que deux heures plus tard qu'une belle averse m'oblige à mettre mon sursac !

 

Pont médiéval de Pontemaceida
Un très beau pont médiéval sur le Rio Tambre à Pontemaceida.

 

 

Le rio Tambre
Le Rio Tambre vu du pont médiéval.

 

 

Au sommet d'une belle côte, le soleil fait une brève apparition et, malgré les nuages bas, il ne peut plus.

Un chemin toujours aussi bien balisé, une végétation toujours aussi variée : eucalyptus, châtaigniers, chênes, fougères, deux belles forêts... Par contre, plus de chapelles, d'ermitages ou d'églises si ce n'est de simples églises paroissiales...

 

Balisage
Toujours le même balisage : la flèche jaune, la coquille, "Camino de Santiago", et parfois la mention "Fisterra", comme ici.

 

 

Des pèlerins toujours et encore mais avec des capes... Et des pèlerins français ! En fait sur les dix rencontrés, sept étaient français !

 

ânes
Des propriétaires ont accepté que ces deux pèlerins, français et espagnol, accompagnés de deux ânes, campent sur leur  terrain cette nuit.

 

 

Dans le supermarko de Negreira, deux senoritas qui s'expriment parfaitement en français m'indiquent le bar devant lequel s'arrête le bus pour Oliveira.

Oui, à Santiago, on m'a conseillé de passer par Muxia pour rejoindre Fisterra. Mais, pour se faire, il m'aurait fallu quatre jours. Ce qui fait qu'aujourd'hui, j'ai rejoint Negreira à pied comme prévu et je prends le bus pour Olveiroa. Mais, au bar, j'apprends que le bus ne passe pas par ce village mais me dépose à Bainas, soit 7 km avant, vers 18h15 ! Ce sera donc une arrivée très tardive à l'albergue...

Vers 16h, je sors me sécher sur un banc public en attendant le bus.

 

Séchage
Position idéale pour sécher !

 

 

 

18h30, à la sortie du bus, c'est reparti ! Eclaircies - fortes pluies - bruine sur 7 km d'une longue route droite... Au bout d'un moment, la nuit commençant à tomber, j'arrête une voiture : je suis allé trop loin. Le village n'est pas sur la route principale. Je reviens sur mes pas, me renseigne (parce qu'en Espagne, les villages sont moins bien indiqués que le chemin). Des chiens hurlent, et puis, enfin, des lumières. C'est le village, l'albergue. Il est 20h, je suis trempé et j'ai très faim !

Elle est pas belle, la vie ?

Lundi 8 octobre 2012 

 

 

 

 

Comment vous parler de Santiago, sans être trop long mais relativement complet ? Impossible ! De plus, la météo, la foule, ne me permettent pas de vous montrer de belles photos du patrimoine de la ville... Mais il existe d'excellents sites qui vous permettent d'approfondir tel ou tel aspect. Quelques petits éléments cependant !

 

En l'an 814, l'ermite Paio découvre la sépulture de l'apôtre St-Jacques, caché dans un bois. Le roi Alphonse II ordonne la construction d'une petite église. Une fois la nouvelle répandue en Europe, de nombreux croyants commencent à venir en pèlerinage pour voir la relique. Le roi Alphonse III fit construire une église plus grande, consacrée en 899. Tout autour, se construit la base de ce qui est aujourd'hui la vieille ville.

En 997, Al Mansour détruit l'église, mais l'évêque réussit à s'enfuir et à sauver les reliques. Les pèlerins continuent d'affluer et en 1075, on commença la construction de la cathédrale actuelle, de style roman. Entre 1168 et 1188, le Maître Matéo termine la façade occidentale par un chef d'oeuvre, le Portique de la Gloire, qui est restauré en ce moment !

 

Enfin, au cours des siècles, on y ajoute des éléments gothiques (cloître), de la Renaissance, et surtout au XVII et XVIIIème siècle, des éléments baroques avec le maître-autel et la façade ouest qui donne sur la place de l'Obradoiro.

 

La façade ouest de la cathédrale
La façade ouest de la cathédrale, celle de l'Obradoiro du XVIIIème siècle. Elle donne sur la grande place, remplie de monde, quand il ne pleut pas ! Peut-être que vendredi, je vous la montrerai sous le soleil couchant !

 

 

Et, contrairement à d'autres édifices vus sur le chemin, je ne trouve pas trop excessifs ces ajouts. Certes, le maître-autel, recouvert d'un baldaquin, constitué de la niche de l'apôtre et de la crypte inférieure avec les reliques saintes, m'a surpris, mais de loin, il est "noyé" dans l'ensemble.

 

Botafumeiro
"L'envol" du botafumeiro. Pour le mettre en mouvement, il faut huit hommes, les "tiraboleiros".

 

 

Comme pour tout pèlerinage, il y a des rites, des passages que les pèlerins se "doivent" de faire. Passer, par exemple, dans la crypte d'origine romane (1er siècle) où reposent l'apôtre et deux de ses disciples dans un coffre en argent du XIXème siècle. Ou passer derrière le maître-autel et toucher, voire embrasser la statue de St-Jacques en argent.

A chacun de voir, comprendre, d'analyser, de croire, selon sa propre histoire, éducation, sa propre foi.. Pour moi, comme pour la plupart des pèlerins, l'essentiel est le chemin.

 

Le cloître roman de la collégiale de Sar.
Le cloître roman du XIIème siècle de la collégiale de Sar.
Les murs et les colonnes de l'intérieur de l'église sont fortement inclinés, ce qui explique les énormes contreforts. Les fonts baptismaux sont taillés dans un seul bloc de granit.

 

 

Hôtel des Rois Catholiques
La façade "Renaissance" d'un des plus grands cloîtres d'Espagne, devenu l'Hôtel des Rois Catholiques. C'était un hôpital et un refuge pour pèlerins. Il a été transformé en Parador 5 étoiles au XXème siècle.

 

 

Repas à l'hôtel des rois catholiques
Tous les jours, les dix premiers pèlerins munis de leur compostella peuvent avoir un repas gratuit à l'Hôtel des Rois Catholiques pour respecter une tradition. J'ai été accueilli dans une entrée de garage, servi à la cuisine, et j'ai mangé dans un petit réduit (5 étoiles) !

 

 

J'espère ne pas vous avoir trop ennuyé... Demain, le chemin continue, probablement avec un peu de pluie... Mais comme je n'en ai quasiment pas eu !

Dimanche 7 octobre 2012

 

Carte103 MonteDoGozo Santiago Météo : très doux ce matin - pas de pluie - le ciel se dégage.
Distance parcourue : 4,7 km
Distance parcourue depuis Cahors : 1199,5 km
Distance cumulée : 2231,5 km
Province : Galice en Espagne

 

 

 

 

Santiago...

Il est 11h. J'écris ces premiers mots, assis dans la cathédrale, en attendant la messe des pèlerins de midi.

Ce matin, je suis parti à 7h15. Il faisait très, très doux. La chaussée était mouillée mais il ne pleuvait plus. Lentement, très lentement, je descends du Monte do Gozo, traverse la banlieue de Santiago. Ma lampe frontale est inutile.

 

A 8h30, j'arrive devant la Plaza del Obradoiro (oeuvre d'or), la façade ouest de la cathédrale. Il fait encore nuit. La place est vide; quelques marchands de temple installent leurs bibelots. Une dame prie devant l'entrée principale de l'édifice.

 

Je prends un rapide petit déjeuner, me rends à la pension que j'avais réservée, y dépose mon sac et me dirige vers le bureau des pèlerins. Premier grand moment d'émotion. Je déplie mes deux crédentials, entièrement tamponnées et je lis : diocèse de Metz, paroisse de Lachambre, plus loin Hubert Morendeau, Châtillon/Seine... Cizur Menor... Astorga...

Les images défilent dans ma tête : la cathédrale de Bourges, les Monédières, la Meseta, la pierre déposée à la Cruz del Ferro...

 

Crédentials
Mes deux crédentials.

 

 

Le responsable appose le tampon de Santiago, me remet la "Compostella" et me félicite. Ma gorge se serre... 2200 km en 4 mois et demi. Il y a encore quelques temps, je n'y croyais pas !

 

Je sors et l'Australienne, partie de Sarria accompagnée de son fils et que j'ai vue peinée avant-hier, s'est jetée dans mes bras en pleurant.

A peine sorti, voilà que Fernande, Patrick et Brigitte viennent vers moi; hier soir, ils sont allés trop loin, c'est pourquoi, je n'ai pas pu les voir. On s'embrasse et Brigitte sort un chèque de 100€, qu'elle avait préparé pour l'association ! Un très, très grand merci !

Ils vont également chercher leur compostella et plus loin, je tombe dans les bras de Véronique et Lucien avec qui je vais boire un café...

 

Il est près de 11h. Lucien me conseille d'aller dès maintenant à la cathédrale pour la messe des pèlerins de midi. Je monte les escaliers. Que c'est grandiose, solennel... Une messe s'achève.

Les orgues retentissent... Le botafumeiro (énorme encensoir manipulé par cinq personnes et mis en place dès le XIVème siècle pour dissiper les "mauvaises odeurs" dûes à la présence de nombreux pèlerins), achève sa course.

Je m'installe très près du choeur à côté d'un couple argentin venu en vacances en Espagne. Quelques mots échangés et la messe des pèlerins commence, concélébrée par 12 prêtres venus de tous les continents.

Quand le lieu d'origine des pèlerins est évoqué et que j'entends "Francia, Lachambre" (très mal prononcé), je suis très ému...

 

La cathédrale est pleine à craquer et contrairement à ce qu'on pourrait penser, un certain recueillement permet aux uns de prier, aux autres de méditer (le service d'ordre veille).

J'ai beaucoup pensé à ma famille qui m'a tellement soutenu dans les moments de doute, à tous mes amis qui ont cru en moi, à toutes les familles d'accueil de l'an dernier, à ceux qui m'ont demandé de prier pour eux, à tous les pèlerins que j'ai rencontrés, aux membres de l'association, à Grégoire et les siens et aux 200 enfants de l'école...

Au moment de la communion, Kevin s'avance vers moi et me salue une nouvelle fois (il est là depuis mercredi et s'envole pour Londres demain) et Willie et Jan... L'émotion me gagne à nouveau.

 

Je sors de la cathédrale vers 13h30. La place est noire de monde et là, j'avoue, c'est la "kermesse". J'entre dans un autre monde !

 

La compostella
La "compostella", en latin.

Samedi 6 octobre 2012

 

Carte102_Arzua_MonteDoGozo.png Météo : très couvert mais sans pluie - températures douces.
Distance parcourue : 35,2 km
Distance parcourue depuis Cahors : 1194,8 km
Distance cumulée : 2226,8 km
Province : Galice en Espagne

 

 

 

 

La plus longue des étapes !
 

Mais... je suis à 5 km de Santiago. J'ai du mal à y croire mais du haut du Monte do Gozo, j'ai vu les flèches de la cathédrale pour la première fois, malgré la bruine. La météo avait prévu un temps couvert aujourd'hui. Quand je pense au ciel sans nuage d'hier... C'est le climat océanique !

 

Après Arzua, je traverse une vallée où coule le rio Ferreiros, ruisseau qui rappelle par son nom la vieille tradition artisanale des forgerons. Il y a de plus en plus d'eucalyptus mais ils sont associés à des essences plus classiques comme le chêne ou le hêtre, surtout au bord du chemin.

 

Forêts d'eucalyptus
Une petite parcelle des forêts d'eucalyptus de Galice aux senteurs caractéristiques. Cette variété fut plantée massivement à partir des années 1960.

 

 

Je passe une série de hameaux, qui jalonnent le parcours jusqu'à l'aéroport de Lavacolla et dont les noms évoquent l'idée de chemin : Calzada, Calle, Rua... Quelques avions mais ce n'est pas Roissy - Charles de Gaulle !

 

Vers 10 heures, impossible de grignoter quelque chose dans les bars qui sont pris d'assaut. Je rencontre Wieland, un Allemand de Bavière qui préparait le pique-nique de midi pour un groupe de 20 pèlerins. Il m'a offert saucisse, fromage, pain, fruits... Il n'a pas voulu un centime ! La Lorraine ne lui est pas étrangère; il a fait le chemin de Trêves à Metz l'an dernier alors que le chemin venait d'être ouvert. Merci Wieland, on se verra peut-être à la messe demain !

Je rencontre également Brigitte, membre de l'association de St-Jacques du Puy. Fernande et Patrick lui ont parlé de l'association AMDM. elle envisage de parrainer quelques kilomètres.

 

Lavacolla
Lavacolla (Lavamentula, selon Aimery Picaud). Il ne reste que le nom de la localité où les pèlerins avaient coutume de se laver entièrement et de se purifier avant d'arriver à Compostelle.

 

 

Bientôt, j'arrive à Lavacolla, hameau dans lequel on trouvait encore, jusqu'en 1965, le magnifique Cruceiro "calvaire" dit du Home Santo, ou Cruceiro Bonito (Belle Croix), du XIVème siècle qui a été déplacé à Santiago. Elle est aussi à l'origine d'une légende : Touron, « un saint homme », fut condamné à mort en tant que meneur d'une révolte populaire. Emmené sur le lieu du supplice, il implora la Vierge près de cette croix de pierre. Tombant raide mort à ses pieds, il évita ainsi une fin infamante.

 

Emmanuel, Erika et son cheval
Sur 35 km, on se croise souvent... Ici, Emmanuel et Erika et son cheval.

 

 

Enfin, le Mont San Marcos, le vieux Monxoï, ou Mons Gaudii, est  aussi appelé do Gozo (de la joie) parce que les pèlerins s'y agenouillaient en pleurant de joie lorsqu'ils apercevaient les flèches de la cathédrale de Compostelle. Les pèlerins baptisaient "Montjoie", toute colline qui permettait de voir de loin un des sanctuaires du chemin. L'an dernier, avant Vézelay ou Bourges par exemple...


Au XVIIème siècle, dans son "Voyage en Occident", l'italien Domenico Laffi évoque la piété des pèlerins. "Nous commençames à chanter le Te Deum, mais nous ne pûmes réciter que deux ou trois vers, car nous ne pouvions prononcer aucune parole à cause des abondantes larmes qui sortaient de nos yeux".

Avant d'arriver sur le Monte do Gozo, certains pèlerins pressaient le pas car, selon la tradition des Francs, le premier de chaque groupe qui arriverait à voir les tours de la cathédrale serait nommé "roi de la caravane de St-Jacques", d'où l'origine de certains noms français tels que Leroi, Roy...

Enfin, un autre récit merveilleux : au pied du Monte do Gozo, se trouvait l'ermitage Saint-Lazare, où l'on vénérait le saint corps d'un pèlerin franc qui, mort à San Miguel de Pie de Puerto et abandonné par ses camarades, fut miraculeusement transporté là à cheval par St-Jacques en personne !

 

Monument JMJ
Le monument diversement apprécié fut dressé là pour la venue du pape, Jean Paul II, lors des JMJ d'aôut 1989, sans doute à l'endroit même où était plantée la croix de la Montjoie.

 

 

Bien entendu, aujourd'hui, tout a bien changé ! Vu le temps, je n'ai pas eu de vue imprenable sur Santiago... Peut-être demain matin !

 

L'albergue municipal de Monto Do Gozo
L'albergue municipal de Monto Do Gozo. En fait, il faudrait dire les albergues, puisque de part et d'autre "d'une rue principale", sont alignés les dortoirs, divisés en chambres de 8 lits. Plus loin, des hôtels... En tout, une capacité de 1000 personnes !

 

 

A la fin de l'étape, j'ai peut-être eu un aperçu de ce qui m'attend demain, les marchands de souvenirs : la parfaite panoplie du pèlerin, des coquilles, des images pieuses...
Je vais m'arrêter là. J'attends Fernande, Patrick et Brigitte, mais j'ai l'impression qu'ils sont allés ailleurs...

 

A demain, à Santiago, après plus de 2200 km !

Vendredi 5 octobre 2012

 

Carte101 PalasDeRei Arzua Météo : très beau temps, chaud l'après-midi.
Distance parcourue : 28,8 km
Distance parcourue depuis Cahors : 1159,6 km
Distance cumulée : 2191,6 km
Province : Galice en Espagne

 

 

 

 

Très bonne humeur chez les pèlerins !

Dès le lever du jour, un très beau chemin... Des  tunnels de verdure avec les essences les plus diverses : châtaigniers, chênes, pins, bouleaux et l’eucalyptus qui se fait de plus en plus présent. Des senteurs ennivrantes embaument l'air...

 

Ancienne chaussée
Une ancienne chaussée qui a conservé son dallage médiéval et un pont d'origine romaine permettent d'accéder à Leboreiro, premier village de la province de La Corogne en Galice.

 

 

Ponts romains, ponts de pierre permettent de franchir aisément les rios. Après Xan Xulian, en traversant la rivière Pambre, j'aperçois les piliers de l'ancien pont de Pontecompana par lequel passaient les pèlerins.

 

Pont de pierre
A côté des ponts romains, des ponts de pierre.

 

 

Chaque village a maintenant un ou plusieurs horreos; certains servent même à embellir les abords de la maison.

 

Lande de la Magdalena
La lande dite de la Magdalena.

 

 

A Leboreiro, village qui semble ne pas avoir changé depuis le Moyen-Age, le sanctuaire de la Virgen de las Nieves (Vierge des Neiges) présente sur son tympan une représentation de la Madone, datant de la fin du XIVème siècle.

 

Le sanctuaire de la Virgen de las Nieves
 Le sanctuaire de la Virgen de las Nieves à Leboreiro.

 

 

Une légende raconte que cette statue avait été découverte miraculeusement dans une fontaine voisine et qu'à chaque fois qu'on tentait de la placer sur l'autel principal, elle s'en retournait à la fontaine. On finit par la fixer au tympan où elle trône encore aujourd'hui. Encore et toujours le merveilleux sur le chemin !

 

La ville de Melide se situe dans une plaine riche en vestiges archéologiques de l'âge du fer. C'est une cité médiévale et surtout le lieu de rencontre entre les pèlerins du Camino Francès et ceux du Camino Norte, qui longe la côte. Son église du XIIème siècle, ornée de peintures murales (St-Jacques Matamore entre autres) fut reconstruite au XVème.

La spécialité gastronomique de la ville est la poulpe à la galicienne. Il faudra que je la goûte !

 

Fernande et Patrick devant l'église de Melide
Fernande et Patrick devant l'église de Melide.

 

 

Au milieu de la ville, je retrouve Ruth et David, le couple américain qui m'avait invité à dîner à Torres del Rio. Embrassades, explosions de joie : "Three days, in Santiago !"

Plus loin, Antonio, le brésilien n'arrête pas de me saluer... Erika, la Toulousaine, avec son cheval, veut encore rejoindre Santiago aujourd'hui... Je retrouve Fernande et Patrick avec qui je fais un bout de chemin...

Bref, je sens l'enthousiasme monter... Et malgré une fin d'étape très vallonnée, tout le monde est heureux !

 

Emmanuel
Une pause bienvenue avec de beaux fruits, des gâteaux, du café... et Emmanuel, le pèlerin avec qui Erika, la "cavalière", marche depuis quelques jours.

 

 

Peu après 7 heures, Fernande et Patrick, qui dorment dans la même albergue que moi, me proposent de manger avec eux un repas qu'ils vont préparer. Je suis assez gêné, d'autant plus qu'ils n'acceptent pas que je participe aux frais !

"Nous ne prenons pas d'argent; donne-le à l'association"

Super sympa ! Et c'est ainsi que nous avons passé une deuxième soirée ensemble, mais cette fois-ci seuls, autour d'un plat préparé par Fernande. Merci infiniment !