Lundi 17 septembre 2012
Météo : toujours beau, un peu couvert - températures agréables le matin - déjà chaudes vers midi. Distance parcourue : 26,7 km Distance parcourue depuis Cahors : 783,6 km Distance cumulée : 1815,6 km Province : Castille-et-Leon en Espagne
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Au coeur de la Tierra de Campos...
Bon petit déjeuner à l'albergue pour 2,70€ ! Ce ne sont pas des prix français, ni allemands m'a dit une pèlerine de Berlin !
Je tourne un peu en rond dans le village : pas moyen de trouver une balise. Finalement, je me décide de suivre mon tracé qui emprunte parfois l'ancien chemin. Et, c'est ainsi que j'ai longé une route les sept premiers kilomètres : peu de voitures; j'effraie les oiseaux qui ont dormi sur les arbres...
Il commence à faire jour quand je rentre dans Fromista.
L'église romane San Martin de Fromista au lever du jour. Un art épuré : finesse de la pierre, perfection des lignes, des courbes... |
Ancien centre agricole romain (froment), le village possède une splendide église romane San Martin, entièrement restaurée, seul vestige du monastère fondé par la veuve du roi de Navarre, Sanche le Grand (1000 - 1035).
J'attends le lever du jour pour l'apprécier; elle est ornée de 350 modillons et de chapiteaux à décoration végétale, parmi lesquels une illustration de la fable du Corbeau et du Renard de La Fontaine. L'édifice s'intègre bien au chemin : même beauté, même simplicité.
Le village conserve aussi le souvenir de l'ancien quartier juif : une synagogue devenue chapelle.
Le chemin franchit une voie rapide. |
A partir de là et jusqu'à l'arrivée, la monotonie aurait pu l'emporter : même platitude, même chemin dont l'aspect change seulement lors de la traversée des bourgs, mêmes villages regroupés autour de leur église forteresse, même paysage aride... Mais je ne m'ennuie pas. Au contraire, cette monotonie stimule mon esprit, ma réflexion. Je m'échappe du présent, du réel...
Un exemple d'une maison en ruines fabriquée à partir de l'argile : une sorte de torchis qui protège les habitants de la canicule. |
"J'atterris" quand je croise des pèlerins : ce matin, un groupe de jeunes Irlandais, un Américain du Minnesota, une Coréenne, des Allemands, une Française qui marche avec des Italiens... Quelques mots, des signes pour mieux se faire comprendre et je continue vers la prochaine curiosité que j'avais repérée lors de mes recherches.
Villalcazar de Sirga mérite le petit détour. C'est là que j'ai pris ma pause de midi vers 11h.
Un dicton résume bien le caractère du bourg : "Pauvres maisons, grand temple". Pourquoi ? Parce qu'il est dominé par l'immense vaisseau gothique de l'église Santa Maria La Blanca : un style sobre, sous l'influence de Citeaux.
Dans la chapelle St-Jacques trône une grande statue de la Vierge à l'Enfant, entourée d'anges thuriféraires. La tradition identifie cette Vierge à celle qu'a louée Alphonse X le Sage dans ses Cantigas. Les couplets de cinq Cantigas chantent comment les pèlerins qui s'en revenaient de Compostelle sans que leurs prières aient été exaucées, guérissaient après avoir supplié la Virgen Blanca de Villasirga.
De jour en jour, je comprends mieux le succès du chemin !
Un calvaire avec un fût dressé sur un socle de pierre, parfois orné des symboles de St-Jacques : jusqu'en Galice, je trouverai ce type de calvaire. |
C'est vers midi que j'arrive à Carrion de Los Condes. Ici, c'est aux rues que s'applique un proverbe : « Dans la Tierra Campos, celui qui n'a pas de terres, ne peut être appelé seigneur ».
C'est au couvent de Santa Clara où s'arrêta St François en 1213 que je dors ce soir dans un petit dortoir de quatre lits. Les soeurs, cloîtrées, offrent toujours l'hospitalité au pèlerin. Changement radical de décor, d'ambiance par rapport à hier !
Des trois édifices religieux à visiter je voudrais ne retenir que l'église Santa Maria del Camino (dite de la Victoria). Son portail roman évoque le tribut des 100 pucelles : la ville en fut exemptée lorsque des taureaux libérèrent les femmes qui allaient être livrées aux musulmans; ces derniers y virent un avertissement à renoncer à cette exaction.
Tous les jours, le chemin est jalonné de légendes !
Il est plus de 17h, les magasins sont à nouveau ouverts. Je vais faire mes courses pour demain.
C'était une journée ordinaire dans la Tierra de Campos !
Un moment exceptionnel ce soir, partagé avec Brigitte, Jean et Francis. Merci, compagnons d'un soir ! |